La gentrification, comme toutes les facettes du capitalisme, est souvent présentée à ses victimes comme un processus naturel. Entouré de la logique du progrès et affiné par des euphémismes comme « revitalisation des quartiers » ou « rénovation urbaine », le déplacement violent qu’il entraîne dans son sillage est soigneusement dissimulé sous le couvert des forces du marché, des changements d’urbanisme, des consultations publiques et des campagnes de marketing tape-à-l’œil. Mais ceux qui ont senti la force de la « main invisible » les arracher à leur communauté et les pousser hors de chez eux ne sont pas si facilement dupes.
L’illusion que la gentrification est une réalité naturelle, voire inévitable, est brisée lorsque les gens décident de prendre position et de se défendre. Les attaques visant les agents en première ligne de la gentrification obligent les gens à prendre parti. Souvent, le sentiment de clarté qui en résulte peut percer l’écran de fumée de l’inclusion et de la paix sociale que les États et les capitalistes utilisent pour nous bercer en nous faisant croire que nos communautés ne sont rien d’autre que des sites potentiels d’investissement. Ils nous rappellent que nos quartiers ont un pouls, et qu’ils sont des territoires physiques dont l’avenir peut être contesté, et finalement façonné, par les personnes qui y vivent.
Dans cet épisode de Trouble, le second d’une série de deux épisodes sur la gentrification, SubMedia s’entretient avec des camarades de Montréal, de San Francisco et de Berlin pour voir comment les habitants de ces villes se défendent contre les attaques des promoteurs, des spéculateurs immobiliers et de l’industrie technologique contre leurs communautés.